D'où vient le DST ?
A l’origine, le dialogue structuré est un concept européen, apparu pour la première fois en 2009 dans une stratégie pour la jeunesse adoptée par les institutions européennes, qui prévoit de « structurer le dialogue avec la jeunesse ». En 2011, l’Union Européenne est la première institution à intégrer un processus de Dialogue Structuré avec la jeunesse dans la construction des politiques de jeunesse. Tous les 18 mois et après un cycle régulier de discussion et de coconstruction entre jeunes, décideur∙euses politiques et organisations de jeunesse, le conseil européen des ministres chargés des questions de jeunesse se prononce sur une résolution. Ce processus est animé par un comité directeur composé de représentant.es :
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De la Commission européenne,
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Des trois États membres qui président l’Union Européenne (ministères de la jeunesse, conseils nationaux de la jeunesse et agences nationales Erasmus+)
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Du Forum européen de la jeunesse.
Un Groupe National de Travail existe dans chaque État-membre pour animer ce processus : en France c’est le CNAJEP, en tant que Conseil National de la Jeunesse français, qui coordonne les campagnes de dialogue structuré européen, appelé Provox, et qui a réuni pour la 9ème campagne 30 organisations de jeunesse.
Après une mise en débat au niveau européen, c’est en 2016 qu’une résolution du Conseil de l’UE demande aux États-membres de mettre en place au niveau le plus approprié des stratégies pour assurer la participation politique des jeunes basées sur les recommandations issues de la consultation. La France est ainsi le premier pays à inscrire dans sa loi le concept de dialogue structuré. La méthode reste la même que le dialogue structuré européen, mais est adaptée à l’architecture administrative française : de l’échelon européen, le dialogue structuré territorial permet de passer à l’échelon plus local, ciblant les jeunes d’un territoire donné et leur permettant de participer avec les collectivités à l’élaboration des politiques publiques.
Interview
Pour chaque cycle de dialogue UE jeunesse, deux jeunes délégué∙es accompagnent la campagne et représentent les jeunes français∙es auprès de l’UE. Pour ce 9ème cycle cette mission a été confiée à Martina et Maxime, qui témoignent ici de leur expérience et nous exposent leur point de vue sur le processus européen.
En une phrase, qu’est-ce que le Dialogue UE jeunesse ?
Martina : Le dialogue structuré est une méthode qui permet de coconstruire les politiques publiques entre jeunes et décideurs politiques.
Pour vous, quels sont les intérêts d’un Dialogue Structuré ?
Maxime : Il y en a beaucoup ! Ça permet de garder du lien intergénérationnel, ça permet une montée en compétences des jeunes sur certains sujets, c’est une manière de faire vivre la démocratie comme il y en a plein d’autres, ça permet de créer des discussions et des échanges qui alimentent la démocratie. Ça permet aussi en interne, si on prend la vision du Cnajep, de faire se rencontrer les besoins des différentes associations de la jeunesse et de l’éducation en France qui ont parfois des missions différentes, et donc de garder ce lien-là entre les différentes assos.
Martina : Ça permet aussi aux jeunes de sentir que leur parole peut vraiment compter, et c’est vraiment la démocratie qui se met en actes parce que les jeunes peuvent décider des sujets qui les concernent, que ce soient des sujets de société de manière générale ou des sujets de leur vie quotidienne, mais dans lesquels ils sont impliqués. Souvent, ce sont des personnes plus âgées qui prennent les décisions et à travers cette méthode les jeunes sont actifs et ils participent à cette co-construction.
Pourquoi vous êtes-vous engagé∙es en tant que jeunes délégué.es ?
Martina : Quand j’ai découvert cette méthode c’était une réelle découverte, j’ai trouvé que c’était très très intéressant et j’ai eu la confiance et l’espoir que ça puisse vraiment marcher. Je me disais que prendre le rôle de jeune déléguée c’était une manière de m’engager plus, de monter en compétences : j’ai appris et développé plein de choses au niveau personnel, par exemple juste le fait de parler en public. Je pense aussi qu’il y a le fait de pouvoir représenter la voix d’autres jeunes, moi je suis très attachée au sujet de l’inclusion et il y a beaucoup de jeunes qui ont des choses à dire, mais des fois ils n’ont pas le courage, les capacités, ou peut-être qu’ils ont des choses à dire mais ils ne vont pas forcément plus loin, et donc ces choses à dire se perdent un peu. Je me disais qu’être dans cette mission ça pouvait aussi me permettre de porter la voix des jeunes de manière générale, et encore plus des jeunes qui sont peut-être moins représentés.
Maxime : Pour ma part, j’ai participé à un festival Provox en tant que représentant scout, et j’y suis entré par deux axes. D’abord, la curiosité de sortir de l’univers scout : je me suis rendu compte qu’il y avait un réseau JEP que je ne connaissais pas, et j’avais fait des super rencontres au festival. J’avais déjà une mission de représentation internationale jeunesse qui se rapprochait complètement de la mission proposée au Cnajep, qui était de porter une voix jeunesse dans un contexte international. Ça m’a permis d’élargir un peu mes horizons et d’aller porter des plaidoyers un peu plus loin, de monter en compétences aussi d’un point de vue perso. Ensuite, il y a eu l’ambition de vouloir faire bouger les choses aux niveaux européen et national, parce que je faisais de l’international pur avec soit des représentations ponctuelles, donc là le fait que ce soit un cycle établi sur 18 mois ça permet de travailler dans la longueur, soit des choses comme la COP26 qui avait été ultra frustrante, et là le fait qu’on me parle de climat ça m’a tapé dans l’œil, vu mes frustrations sur mes engagements climatiques je trouvais que le format se prêtait bien à aller creuser un peu plus le sujet sur la longueur.
Qu’est-ce qui pourrait être fait pour faciliter davantage la participation citoyenne des jeunes ?
Maxime : Selon moi ce n’est pas forcément dans des espaces de décision politique de « haut niveau », comme quand on va au Conseil de l’UE, qu’on peut amener tous les jeunes, parce qu’on ne peut pas et que ça ne fait pas sens, on ne va pas écouter tout le monde, tout le monde n’est pas intéressé et averti dans ces espaces-là. Le but, c’est vraiment de la développer au niveau local, que les jeunes puissent s’investir dans des projets locaux où ils vont avoir un impact sur leur quotidien. Je pense que là où on peut la développer le plus c’est à l’école, qui devient vraiment un lieu de vie citoyen, en communauté, où on peut s’éduquer et expérimenter ce qu’est la démocratie, la gouvernance, ce que c’est que de monter des projets. Il y a un potentiel, et je pense que tous les jeunes qui passent par l’école doivent avoir accès à ces formations citoyennes.
Martina : Je pense que la première chose importante c’est d’informer, encore une fois. C’était dans les propositions* et c’est ce que je pense : il y a des jeunes qui ne savent pas qu’il y a la possibilité, soit parce qu’ils ne se sentent pas légitimes, soit tout simplement parce qu’ils ne sont pas au courant que ces possibilités existent. Ceux qui sont plus débrouillards vont chercher les possibilités et les trouver, mais je pense qu’il y a des jeunes qui même s’ils ne vont pas les chercher, si on leur présente ils seront intéressés pour s’engager. Donc il faut faire un grand travail d’information. C’est aussi en développant la participation citoyenne au niveau local, par exemple avec le DST, et bien sûr à l’école qui est le moyen pour toucher le plus de jeunes. Mais je pense aussi au petit nombre de jeunes qui ne vont pas à l’école et je me dis qu’il pourrait y avoir par exemple des référents service civique qui se déplacent, vont dans les zones rurales, voir les jeunes en décrochage scolaire, et qui seraient vraiment des ambassadeurs dans ce cas pour informer sur quelles sont les missions, les possibilités pour participer activement à la vie citoyenne ; même si on ne va plus à l’école, si on pas d’argent etc. il y a toujours des manières de faire de l’EP, de participer à la vie citoyenne, comme aller chez ces jeunes-là pour les informer, les sensibiliser, pour qu’ils découvrent et soient intéressés par la participation citoyenne, pour ceux qui ne savent pas ou qui sont un peu plus éloignés du processus.
*Les propositions élaborées au cours du 9ème cycle de dialogue structuré sont à retrouver sur le site du festival Provox